Le Brexit Dixit Le FMI

Le Brexit suscite beaucoup d'inquiétudes quant à son impact sur l'économie mondiale et c'est ce qui explique la décision de la nouvelle Premier Ministre, Theresa May, de mettre en place un grand plan de relance. Une nouvelle étude du FMI sur l'impact de cette sortie qui, tout en privilégiant un scénario prudent, ne cache pas ses inquiétudes quant aux effets du Brexit sur l'économie mondiale.
Le FMI publie deux fois par an ses perspectives économiques mondiales, la première à la veille de ses Assemblées annuelles tenues conjointement avec celles de la Banque mondiale au mois d'octobre de chaque année et la seconde à la veille des Assemblées du printemps tenues lors du mois d'avril de chaque année. Dans ce rapport fort attendu par les responsables politiques et économiques du monde entier, l'institution de Washington délivre ses estimations et ses pronostics de l'évolution de l'économie mondiale et ses prévisions pour les années à venir. Au fil des ans, ce document est devenu le document de référence sur l'état de l'économie mondiale et les prévisions du Fonds sont considérées comme les plus pertinentes et des références majeures. Cette situation s'explique par la qualité des économistes en charge de la prévision au sein de cette institution ainsi que les efforts mis en place pour garder cette suprématie. Elle s'explique également par la qualité des départements économiques de cette institution et des Economistes en Chef qu'elle a engagés depuis des années. Le dernier en date est Maurice Obstfeld, professeur à la prestigieuse université de Berkeley et ancien conseiller du Président Barack Obama. Ce nouvel Economiste en Chef est venu remplacer un autre grand économiste, le français Olivier Blanchard qui a joué un rôle important au moment de la grande crise dans l'ouverture du carcan idéologique du FMI et a favorisé l'appui aux politiques monétaires expansionnistes et aux politiques de relance budgétaire pour échapper à la déflation qui commençait à hanter l'économie mondiale et qui risquait de nous rappeler au bon souvenir de la grande crise des années 1930 avec la montée de l'aventurisme politique.

    D'habitude le FMI se limite à la publication de ces deux rapports sur les perspectives de l'économie mondiale. Mais, lors de contextes particuliers, le FMI peut décider de publier plusieurs rapports pour rendre compte de l'évolution de la croissance mondiale. Cela a été le cas au moment de la grande crise des années 2008-09 où le Fonds a publié plusieurs documents pour suivre au jour le jour le développement de la crise et son impact sur l'économie mondiale. Ces analyses ont été d'une grande utilité dans la mesure où ils ont sensibilisé la communauté internationale sur la gravité de la crise et ont favorisé la mise en place des politiques non conventionnelles pour y faire face.

    C'est le cas aussi aujourd'hui où le FMI a décidé, après le vote britannique en faveur du Brexit, de publier un rapport sur les perspectives de l'économie mondiale après cette décision majeure. Il faut dire que le FMI et sa Directrice générale Christine Lagarde n'ont pas cessé depuis des mois d'attirer l'attention sur la portée d'une sortie du Royaume Uni de l'Europe. Les responsables du FMI ont indiqué qu'il s'agissait d'un nouvel élément d'incertitude qui ne ferait que renforcer la fragilité d'une économie mondiale qui éprouve les plus grandes difficultés à retrouver la vigueur qui était la sienne avant la grande crise de 2008-09. Et, de ce point l'inquiétude du FMI s'explique par le fait que cette nouvelle incertitude vient s'ajouter à l'essoufflement des pays émergents qui étaient les locomotives de l'économie mondiale post-crise. Du coup, l'économie mondiale se trouve privée de ses principaux moteurs et plongée en plein doutes et incertitudes.

    Que nous dit le FMI sur l'impact du Brexit sur l'économie mondiale ? Même s'il est encore tôt pour analyser les effets du vote britannique sur l'économie mondiale, l'institution de Washington souligne qu'elle renforcera l'incertitude et le doute qui pèsent sur les décisions d'investissement et de consommation des acteurs économiques et fragilisera par conséquent encore plus la croissance mondiale.

    Pour étudier l'impact du Brexit sur la croissance mondiale le FMI a défini trois scénarios différents du point de vue de l'ampleur de leur impact négatif. Cette différence dépendra de la capacité de l'Union européenne et du Royaume Uni à opérer une séparation harmonieuse qui n'aura pas d'effets perturbateurs sur les échanges mondiaux et sur les places financières internationales. Le Fonds a choisi le scénario le moins favorable comme scénario de référence pour son étude. Ce choix s'explique par la mobilisation des responsables politiques et économiques pour éviter que ce scénario ne se traduise par une augmentation des perturbations et de l'incertitude sur l'économie mondiale. L'intervention des grandes banques centrales sur les marchés au lendemain du vote est significative de la mobilisation des acteurs économiques pour faire face aux effets négatifs du Brexit et justifie le choix du FMI du scénario le moins défavorable.

Dans ce scénario, les effets du Brexit se limiteront aux pays développés, à l'Europe et au Royaume-Uni. Ainsi, la croissance globale va légèrement baisser et se situer à 3,1% pour l'année 2016. Les pays développés vont également connaître une légère baisse de la croissance qui se situera autour de 1,8% en 2016. Le recul de la croissance sera plus important dans la zone Euro et au Royaume Uni avec des taux successivement de 1,7% et de 1,6% en 2016. Les pays émergents restent eux à l'abri des effets négatifs du Brexit et maintiendront le même niveau de croissance de 4,1% pour l'année 2016.

Mais, en même temps le FMI n'exclut pas les deux autres scénarios dont l'impact sur la croissance mondiale est plus important et risque de mettre l'économie mondiale dans une nouvelle tourmente.

Le Brexit vient nous rappeler la fragilité d'une économie mondiale qui n'a pas réussi à retrouver sa vigueur d'avant crise et qui reste à la merci des évolutions mondiales. Cette situation exige une réponse globale et des plans plus ambitieux de la part de la communauté internationale pour revigorer la croissance mondiale et ouvrir une nouvelle ère d'espoir dans l'avenir.